3 Questions à Emmanuelle ROUX, CEO Le Chaudron, spécialiste de l'innovation (formation et transformation)

Comment construisez-vous votre réseau d’experts ?

La formation et la curiosité, c’est la clé ! Nous préférons les candidats avec une très forte envie d’apprendre et une grande capacité à traiter rapidement les informations et à les synthétiser. Nous les formons ensuite aux compétences techniques et professionnelles. Nous sommes également sensibles à la posture sociale : nous souhaitons recruter des personnes qui savent s’adapter, qui sont bien dans leur peau et qui n’ont pas peur de participer en réunion, et d’animer.

C’est pourquoi nous travaillons de plus en plus en partenariat avec un écosystème de professionnels qui n’est pas directement issu de chez nous comme des freelances.

Quel est l’avenir du freelancing dans les métiers du numérique ?

Ce qui est sûr, c’est que le freelancing ne peut pas s’adapter à tous les secteurs ! De mon côté, je pense que nous devons assurer à ce statut plus de protection sociale. Nos grands-parents travaillaient à la tâche mais sans véritable statut et sans beaucoup d’avantages. Aujourd’hui, les freelances travaillent à la tâche mais nous devons leur assurer le meilleur des contextes avec, par exemple, une meilleure protection et une meilleure redistribution des bénéfices qu’ils contribuent à produire. On pourrait par exemple partager systématiquement la marge des projets et prôner un modèle où tout le monde est associé. Il s’agirait d’une forme de responsabilisation dans les deux sens.

Quel est votre avis sur les démarches d’innovation des grands comptes ?

Ces démarches sont trop timorées ! Ce sont souvent des paillettes. Certains dirigeants sont en réalité incapables de réinventer un modèle car ils ont une trop grande incompréhension de la technologie pour assurer une vraie transformation de leur entreprise. Il est indispensable pourtant qu’ils aient connaissance de la technologie pour garantir une vraie acculturation. Sur les projets de transformation que nous menons chez nos clients, nous recommandons 100 % d’intégration des collaborateurs dans la transformation numérique. Nous pensons qu’il est également indispensable que les dirigeants soient intégrés pour porter le projet et convaincre les collaborateurs.

Nous vivons une vraie révolution industrielle. C’est comme quand le monde s’est internationalisé et que l’anglais s’est imposé. Tout le monde trouvait cela bizarre mais tout le monde l’a plus ou moins appris. Aujourd’hui, c’est pareil avec le code. Il s'agit de monter en compétences dès maintenant. Aujourd’hui, nous sommes au début, par la suite, nous devrons miser sur la spécialisation et l’excellence.