Incontournable, le Cloud Computing constitue désormais une brique essentielle de l’infrastructure d’entreprise. Il permet d’accéder à des ressources informatiques (serveurs, stockage, logiciels, puissance de calcul…) via Internet, en mode flexible et à la demande. Vingt ans après son apparition, le débat ne se limite plus au dilemme cloud privé vs cloud public. Les enjeux de coûts, de sécurité, de souveraineté des données et de personnalisation poussent les entreprises vers des modèles plus sophistiqués.
Hybride et multicloud s’imposent aujourd’hui comme de nouveaux standards, encore en phase d’adoption mais au cœur des réflexions stratégiques des DSI.
Le cloud hybride pour plus de flexibilité et de souveraineté
Après l’arrivée des premières offres de cloud public au début des années 2000, les années 2010 marquent l’essor du
« tout cloud ». C’est pour répondre aux limites du tout « cloud public» qu’apparaît alors le concept de cloud hybride. En 2018-2019, des offres dédiées permettant d’orchestrer les environnements privés / publics sont officiellement lancées, avec AWS Outposts, Azure Arc ou Google Anthos.
Depuis, les bénéfices de cette approche mixte sont clairs : 41 % des organisations estiment que les environnements hybrides facilitent la sécurité et la conformité réglementaire. Comme le souligne un rapport publié par Gartner en novembre 2024, « minimiser le lock-in est une motivation clé poussant plus de 90 % des grandes entreprises à adopter des approches hybrides ou multicloud d’ici 2027 ».
Dans les faits, l’hybride séduit particulièrement les secteurs régulés. En santé, par exemple, les données sensibles restent stockées localement, tandis que le calcul intensif est confié au cloud public. Une tendance confirmée plus largement : 54 % des entreprises utilisent désormais le cloud hybride pour leurs workloads critiques.
En France, la transition est amorcée et l’évolution se fait progressivement. Selon la 6ᵉ édition de l’Enterprise Cloud Index publiée par Nutanix, relayée par ITSocial, les centres de données et clouds privés dominent encore, à hauteur de 78 %. Mais cette proportion devrait chuter à 16 % d’ici trois ans, au profit du cloud hybride — qui devrait croître de 3 % à
34 % — et du multicloud public — de 7 % à 35 %.
Quant à la mise en œuvre, le principal défi reste la complexité d’intégration entre infrastructures privées et publiques. Maintenir la cohérence des environnements, sécuriser les données sensibles et limiter la latence nécessitent des outils d’orchestration performants et des compétences avancées.
Le multicloud : diversification et indépendance
Alors que la souveraineté, la résilience — capacité à maintenir l’activité en cas de problème — et l’indépendance deviennent stratégiques, le multicloud s’impose comme une réponse au risque de verrouillage technologique. Son principe est simple : utiliser plusieurs fournisseurs publics (AWS, Azure, Google Cloud, OVHcloud, etc.) pour bénéficier du meilleur service dans chaque cas d’usage. Le bénéfice retiré est multiple : optimisation des coûts, amélioration des performances et continuité d’activité renforcée.
Le multicloud progresse fortement à l’échelle internationale. Aux États-Unis, 89 % des entreprises ont une stratégie multicloud et 43 % des sociétés du Fortune 500 exploitent des environnements hybrides multicloud. Au Royaume-Uni, une forte accélération du multicloud se constate, notamment dans les secteurs régulés — santé, finance — et avec la montée en puissance de l’IA et du machine learning (ISG, 2025).
En France, l’hybride multicloud devrait passer de 6 % aujourd’hui à 12 % d’ici trois ans.
Sur la question de la mise en œuvre, l’enjeu majeur réside dans l’interopérabilité. Chaque fournisseur ayant ses spécificités, la fluidité entre plateformes exige des API ouvertes, des outils de gestion unifiés et la portabilité des applications (containers, Kubernetes). Sans cela, la complexité des projets et les risques de surcoûts se multiplient.
Hybride et/ou multicloud ?
Les deux approches étant complémentaires, la vraie question n’est pas de choisir entre cloud hybride et multicloud mais de savoir pourquoi et comment associer les deux. L’hybride permet de trouver le bon équilibre entre sécurité, performance et flexibilité, tandis que le multicloud garantit indépendance et résilience.
Cette complémentarité est déjà une réalité : selon le rapport Enterprise Cloud Index publié par Nutanix en 2024, 89 % des DSI s’appuient sur plus d’un environnement hybride et multicloud, en particulier au sein des grandes entreprises. Une tendance confirmée à l’échelle européenne, où 82 % des organisations utilisent un cloud hybride et 92 % recourent à au moins deux clouds publics.
Bien sûr, les défis sont nombreux : complexité technique, sécurité et conformité, gouvernance des coûts (FinOps), compétences internes… Mais les bénéfices sont tout aussi clairs : réduction du lock-in, souveraineté, flexibilité, scalabilité, continuité d’activité et innovation.
Alors que le recours au Cloud se généralise au sein des SI, hybride et multicloud représentent aujourd’hui la voie privilégiée pour transformer cette adoption en véritable levier de performance. À condition toutefois d’anticiper les défis, de définir une gouvernance claire et de mobiliser les compétences nécessaires. Mal maîtrisées, ces stratégies peuvent se transformer en contraintes. Anticipées et pilotées avec rigueur, elles deviennent de puissants leviers au service de l’agilité et de la résilience des systèmes d’information.




