Apparue dans les années 1990, la cybersécurité a connu un tournant décisif entre 2015 et 2020. Longtemps cantonnée à une fonction défensive, elle s’impose désormais comme un levier majeur de résilience et de compétitivité. Cette évolution s’inscrit dans un contexte de transformation des technologies et des pratiques. Avec la généralisation du cloud, du télétravail, des objets connectés et la démocratisation de l’IA, la surface d’attaque s’élargit. L’expertise connaît également une montée en puissance. Avec l’IA, la cybersécurité ne se contente plus d’être un pare-feu : elle devient un système nerveux intelligent, capable de s’adapter en temps réel, et d’anticiper les menaces avant leur exploitation.
La cybersécurité : un périmètre élargi, un levier stratégique
Selon une enquête Gartner – CEO & Senior Business Executive Survey publiée en avril 2025, 85% des dirigeants considèrent la cybersécurité comme critique pour permettre la croissance de leur entreprise.
Facteur de résilience, de sécurité et de performance, la cybersécurité constitue aujourd’hui un volet majeur de la stratégie IT. Construite au fil des ans, cette dimension stratégique se confirme plus de 30 ans après l’émergence de la cybersécurité.
C’est en effet dans les années 1990 qu’apparaît la sécurité informatique, avec pour principal objectif la protection des infrastructures techniques. Centrée sur une approche périmétrique et réactive — qui vise à prévenir les pannes ou intrusions ponctuelles —, la sécurité informatique répond alors à un enjeu de disponibilité. L’arrivée d’Internet rebat les cartes. Dans les années 2000, l’explosion du Web et les premières Cyberattaques globales en font un enjeu d’entreprise.
Jusqu’en 2015, la cybersécurité, perçue comme un centre de coût et une contrainte réglementaire, reste toutefois essentiellement défensive et technique. Le virage s’opère entre 2015 et 2020, sous l’effet d’une combinaison de facteurs technologiques, réglementaires, économiques et géopolitiques. La multiplication des attaques massives (WannaCry, NotPetya), le durcissement des cadres réglementaires (RGPD, NIS), l’adoption du cloud — qui élargit la surface d’exposition —, la multiplication des données — qui nécessitent une protection tout au long du cycle de vie — et la montée des tensions géopolitiques redéfinissent son périmètre. Garante de la continuité d’activité et de la confiance, la cybersécurité doit intégrer les effets de la généralisation du télétravail, l’explosion des surfaces d’attaque et la dépendance critique aux systèmes numériques. Dès 2020, elle devient un facteur de résilience opérationnelle.
Avec la montée en puissance de l’IA générative, une nouvelle ère s’amorce en 2023 avec l’avènement de la cybersécurité augmentée par l’IA : une cybersécurité capable de détecter, d’anticiper et de répondre aux menaces en temps réel.
L’intelligence artificielle au coeur de la cybersécurité augmentée
Si l’intelligence artificielle a accru l’importance et la sophistication des menaces, elle a aussi permis aux entreprises et aux experts de franchir un cap décisif dans leur capacité de détection, de réaction et d’anticipation. La cybersécurité devient prédictive, adaptative et auto-apprenante, rompant avec la logique défensive classique.
La cybersécurité augmentée se traduit par plusieurs évolutions majeures :
> Une cybersécurité prédictive
L’analyse comportementale et l’apprentissage automatique permettent désormais de détecter des signaux faibles dans d’immenses volumes de données issues des réseaux, applications ou terminaux. En combinant IA et data, les équipes SOC (Security Operations Centers) peuvent anticiper les menaces avant qu’elles ne se concrétisent.
> Une détection et une réponse automatisées
Les systèmes d’orchestration et de réponse (SOAR) s’appuient sur l’IA pour prioriser les alertes, corréler les événements et déclencher des actions automatiques : isolement d’un poste, blocage d’une adresse IP, réinitialisation d’un compte. Cela réduit drastiquement le temps de réaction face à une attaque, passant parfois de plusieurs heures à quelques minutes.
> Des process de sécurité intégrés en amont
L’approche DevSecOps intègre des modules d’IA capables de scanner le code en continu, d’identifier des failles de sécurité dès la phase de conception et de recommander des correctifs automatisés. L’IA contribue ainsi à faire de la sécurité un réflexe d’ingénierie, et non un contrôle a posteriori.
> L’IA au service de la gouvernance et de la conformité
Les algorithmes d’analyse de logs et de documents facilitent le monitoring des obligations réglementaires (DORA, RGPD, NIS2). Les responsables cybersécurité disposent de tableaux de bord intelligents pour piloter le risque et documenter la conformité en temps réel.
Nouveaux talents et agilité au coeur de la transition vers une cybersécurité augmentée
L’essor de l’intelligence artificielle dans la cybersécurité a profondément redessiné le paysage des compétences. Les métiers traditionnels du domaine se sont transformés, tandis que de nouveaux rôles hybrides ont vu le jour, à la croisée de l’IT, de la data et du risk management.
Parmi eux :
- L’analyste SOC augmenté. Au cœur des centres opérationnels de sécurité (Security Operations Centers), il interprète les recommandations issues de l’IA et affine les règles de détection, dans une approche désormais plus analytique que réactive.
- Le Threat Intelligence Engineer, spécialiste du renseignement sur les menaces, travaille à l’identification des campagnes d’attaques émergentes. Grâce à l’IA, il établit des liens entre acteurs, vecteurs et cibles, et alimente les défenses de l’entreprise avec une menace contextualisée.
- Le DevSecOps spécialisé IA intègre des outils d’IA pour analyser le code, repérer les vulnérabilités et renforcer la sécurité applicative tout au long du cycle DevOps.
Soulignant la diversification des expertises dans le domaine de la cybersécurité augmentée, d’autres profils spécialisés ont récemment vu le jour. Le Cyber Data Scientist, le responsable de la gouvernance et de l’éthique de l’IA ou le MLOps Security Engineer, constituent des expertises émergentes, encore rares sur le marché.
Pour intégrer les besoins d’un domaine IT en pleine transformation, de nouvelles expertises apparaissent. Dans ce contexte, l’agilité des compétences est clé pour intégrer rapidement des savoir-faire indispensables à la résilience et à la compétitivité des organisations. Le recours à l’externalisation et à l’hybridation des équipes est une solution plébiscitée par de nombreuses entreprises : pour accéder aux profils rares, compléter les équipes internes et accompagner l’évolution de la cybersécurité vers sa nouvelle dimension stratégique.




